mercredi 2 novembre 2016

NEUROSIS "Fires within fires"

« Nous apprenons que l’ennemi fondamental n’est pas le chaos, mais l’organisation ; pas la divergence, mais la similitude ; pas le primitivisme, mais le progrès. Et le nouveau héros – l’antihéros –  est celui qui s’est donné pour but de s’attaquer à l’organisation, de détruire le système. Nous savons aujourd’hui que le salut de la race est lié à une tendance nihiliste, mais nous ignorons jusqu’où il faut aller »    - (Trevanian)


« I slept into an avalanche, it covered up my soul » - (L. Cohen)

Il aura fallu pas loin d’une trentaine d’années pour à peine sentir poindre l’espérance d’un rai de lumière. Loin de « Sun that never sets » ; pas si loin de ce "moment de grâce" à mettre en parallèle.
Entre, des déflagrations s’approchant souvent de secousses telluriques, l’expression d’une colère monstrueuse, l’horizon claustrophobe d’un inouï reculant sans cesse au fil des approches.
Monolithe.
Manque étouffant sous une lumière opaque.
Et une longue histoire d’amitié.
Tribu.

Déjà atypiques dans leurs débuts hardcore avec « Pain of Mind », ce virage à 180° (celsius ?) comme peu de musiciens en sont capables dans un contexte alors peu enclin à ce genre de lourde déviance, magma sonore nauséeux et cathartique : les Swans étaient déjà passé par là (en force) certes, mais ces derniers n’ont jamais prétendu faire partie du mouvement hardcore métal…
 Personnellement, c’est l’écoute des efforts solo des deux guitaristes qui m’ont raccroché au groupe dans la décennie passée, versant folk/americana à la fois sombre et serein donnant de la sorte plus de relief à cette quête désespérée de lumière, white heat, white heat

Avec l’entrée en matière de « Bending Light », le passage de témoin s’effectue dans une douceur suspecte, par la porte dérobée : il faut plus de 3mn de sinuosités à la fois martiales et aériennes  finissant par se noyer dans un presque trop confortable flot cotonneux, pour enfin atteindre le climax attendu : rage qui n’a que plus de portée lorsqu’elle est contenue, distillée et pleinement maitrisée. Neurosis nous délivre instinctivement ses compositions méandreuses en clair-obscur, où l’inné s’appuie sur un acquis colossal, le déroutant « Reach » nous amenant, exsangues et rampants, au sud de nulle part. Proximité incantatoire d’un son sec et mat, débarrassé de ses anciennes scories (oui oui, #atouchofalbini…) ; renouer avec la ligne claire.
Au final de posséder là plus le résultat d’un work in progress cathartique et sans horizon fixé qu’un de ces sempiternels et ressassés disques de la maturité, même si la nuance se veut parfois fine et subtile.
C’est con, mais au fil des écoutes successives, le qualificatif « liquide » s’est imposé;  comme une évidence apaisée.  Au cœur du brasier pour tout refuge.

L'Un.


Neurosis "Fires within fires" (Neurot. 2016) 

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