dimanche 13 mars 2016

T.O.C : "Qeqertarsuatsiaat"



T.O.C, (pas si) loin des troubles compulsifs, résume sobrement l’association de Jérémie Ternoy, Peter Orins et Ivann Cruz. Le trio pousse le spectre de ses instruments acoustiques dans les tensions de leurs retranchements intimes. Le voyage proposé trace ses sillons dans la dissonance et la retenue introspective, titrant ses errances de noms de villes aussi imprononçables (Qeqertarsuatsiaat, Baruun-Urt ou autre Wakkanai…) que la musique ne se veut linéaire et accessible. Exotisme de poussières  et de petits cailloux semés là, dans le creux de la chaussure ou de vos tympans.  

La sensation de bricolage improvisé ne dure que le temps d’une écoute : la maitrise concise du trio revêche met très clairement ses intentions en valeur, les moyens employés se dessinent en temps réel, offrant à l’entropie initiale un cadre à la fois en tension et en suspension.
Les effets des instruments restent strictement acoustiques, l’électricité des albums précédents soldée au profit des étincelles de pierres à silex entrechoquées : foisonnement confondants de cliquetis, bourdonnements, d’accords étouffés, de cordes frappées, peaux pincées, sourds grommellements mélangés comme autant d’amorces de pistes possibles. Chaque morceau-ville de confins (comme d’autres citent des noms d’oiseaux…) pose à plat les divagations asynchrones qui se cherchent, se tirent la bourre et se rattrapent, emportées vers une direction affirmée qui se dévoile à nos oreilles effarées.
Filigranes éparpillés d’un groove rare et anguleux qui tisse sa trame et s’inscrit dans une évidente essence du (post-)cool. 

L'Un

 T.O.C : "Qeqertarsuatsiaat" (CircumDisc. 2015)




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