lundi 4 janvier 2016

PLAISTOW : "Titan"

L’opiniâtre trio helvète continue de pousser plus en avant ses explorations décharnées sur des territoires connus d’eux seuls, aux marges du jazz, du rock et de la musique contemporaine. Un palier de décompression supplémentaire vient d’être franchi avec ce nouvel opus qui se rapproche dangereusement des bords d’un gouffre incessant. 
Le propos est radical, à chercher ce vide interstitiel pas si loin des trous noirs, entretenant cette fascination du vide et de ce qui se cache derrière. 
Le propos est éminemment statique à se jouer des structures répétitives, confortant son auditoire dans une hypnose nimbée d’un insondable malaise. Opérant avec ce «Titan» une synthèse poussée dans ses retranchements des deux précédents albums, Plaistow, plus déterminé que jamais, semble graviter dans un état de lourde apesanteur au cœur d’un tourbillon, jamais loin d’une improbable collision. Sonorités  amples dont la coloration tire vers des registres aux basses profondes, le piano de Johann Bourquenez déploie une palette étendue, des clusters de notes aux cordes préparées, utilisant les résonances les plus intimes de son instrument, lorsque la contrebasse de Vincent Ruiz assène inlassablement une pulsation monolithique, égratignée de quelques  coups d’archet. Cyril Bondi inscrit ses structures rythmiques dans des patterns au groove martial et suspendu. Le trio opère en formation plus resserrée que jamais, se jouant des failles temporelles et de l’espace, entre. Francs-tireurs qui maitrisent parfaitement l’art de la retenue comme pourraient le faire the Necks ou leur compatriotes  de Sonar, Plaistow nous proposent une plongée en apnée dans un air raréfié que l’éponyme « Titan » clôture de façon sépulcrale.
Space is the place ? Pour s’y abîmer, oui.

L'Un.

PLAISTOW : "Titan" (autoproduit. 2015 > http://www.plaistow.cc/ )


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