samedi 4 juillet 2015

Bérangère MAXIMIN : "Dangerous Orbits"



Pour des raisons qui m’échappent encore,  il n’y a toujours aucune explication ne relevant pas de la pauvre excuse,  qui puisse enfin expliquer comment  avoir daigné écrire ne serait-ce que quelques lignes sur son précédent «Infinitésimal », pourtant élevé à l’époque au rang enviable de disque de chevet compulsif.
Exercice de rattrapage, donc,  pour revenir sur une paresse inexcusable. 
Bérangère Maximin, avec ce 4° enregistrement, fait déjà figure de vétéran dans cette « scène » aux contours  insaisissables qui rassemble les explorateurs du bruit comme matériau brut à sculpter, des héritiers forcément indirects des Pierre(s) Henry/Schaeffer. Un parcours qui passe par le conservatoire de Perpignan, une résidence en Espagne, des signatures sur des labels exigeants et ouverts (Tzadik, SubRosa et Crammed pour le dernier) et une intense activité live.
Avec Dangerous Orbits, c’est un voyage en boucles imparfaites qui se dessine, empreint de  cette production cotonneuse qui caractérisait déjà son précédent « Infinitésimal ». Jeu de yo-yo acousmatique qui se joue des grandeurs d’échelle, mélangeant invariablement le détail de miniature aux grandes lignes de paysages projetés.  La sensualité frémissante de l’espace intime happée par le tourbillon inquiétant  et continu d’un monde globalisé et immanent. Une perte de repères noyée dans  des saccades organiques quand l’infiniment petit se heurte au vide incertain des infinis. Si les sources sonores utilisées, les manipulations d’objets  peuvent sembler identifiables le temps d’un instant, celui-ci se disloque au cœur de cette trame implacable refermée sur elle-même
Narcose d’un quotidien obsessionnel et amplifié. Sentiment diffus provenant  précisément de ces changements d’échelles, passant d’une orbite à l’autre. On est loin d’une certaine froideur théorique que l’on peut reprocher (parfois) à ce « genre » de musique (s’il en est). Bérangère Maximin s’affranchit de ces écueils en investissant l’espace des musiques électroniques contemporaines, distillant une bonne dose de techniques héritées du dub, avec un clin d’œil appuyé à la Kosmische Musik. Le souffle est  continu,  sourd et puissant, établissant un lien charnel fortement sexué.
Bande-son d’un quotidien supra-ordinaire : celui de  l’espace sensuel existant les pieds nus et les grains d’un bitume encore chaud qui recouvre des strates encore inouïes et inexplorées à nos cinq sens fertiles.

L'Un.

Bérangère MAXIMIN : "Dangerous Orbits" (Crammed. 2015)


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