mardi 8 décembre 2015

Mixtape solo #4 : "Méditation impossible"

.... d'avant le réveil, entre.



(dans l'ordre d'apparition)

- Marc BEHRENS : « unit » (And/Oar 2012)
- Akira Rabelais « toilet & windrell »
- StfB « crio bass » (March 2015)
- Z’EV : solo Z#1 (SubRosa. 2013)
- Radu Malfatti (preformed by Nick Hennies) : «  l’effaçage » (B-Boim. 2008)
- Sachiko M : « 1 :2 » (aBruitSecret. 2003)
- Kunsu Shim (performed by Nick Hennies & Greg Stuart) : « Love » (Senufo 2013)
- Telectu : « data #2 »
- Matt Shoemaker : «mutable depths » (Ferns Rec. 2008)
- Bernard Parmegiani : « incidences/résonances » (GRM/reed° Mego. 2013)
- StfB : « analogic synth drone 1+2 » (June 2014)
- Valerio Tricoli : « Metaprogramming From Within The Eye Of The Storm » (Bowindo. 2006)
- Lilith : « redwing » (SunRosa. 1995)
- Michel Redolfi : « immersion » (Ina/GRM. 1980)
- StfB&ShoiExtrasystole : « jamming from home. (April 2015)
- StfB : « soundtake from Istanbul hotel hall » (dec. 2007)
- StfB : « analogic synth Loop » (2015)
- Geir Jenssen : « Tingri the last truck » (Ash International 2006)
- StfB : « soundtake from Chartres Exhibition Hall » (may 2005)
 





dimanche 22 novembre 2015

DOMMENGANG : "Everybody's Boogie" (ou la Brooklyn boogie connection)


Brooklyn, en passe de devenir la capitale du boogie de péquenauds et tignasses crasseuses associées ? On est pas loin de le penser avec la sortie de ce premier album. On pense aux vieux briscards de Endless Boogie, qui eux aussi  battent le pavé et hantent les dernières arrière-salles glauques du bourough newyorkais désormais le plus couru. Si les gars se connaissent et s’apprécient mutuellement, l’analogie s’arrête là. Question de génération. Et d’orthodoxie. Si Endless Boogie s’applique à recracher fidèlement un blues électrifié, linéaire et graisseux, la musique de Dommengang,  tout en s’articulant autour du concept central de boogie-rock (think ZZ Top…), convoque la teigne d’un certain proto-punk (think Stooges…), l’enveloppant d’un trouble velours arty (think Velvet Underground….). L’introductif morceau éponyme le confirme, après une intro vacillante, nous propulsant  sur des bretelles d’autoroutes saturées de lumière blanche aveuglante (think… ). Mais le sérieux coup de pompe dans les gonades prend forme avec le suivant « Hats Off to Magic », punk-blues sous amphétamine avec son groove saccadé et vicieux : plus entendu un riff exécuté avec autant de sauvagerie depuis 1997, découvrant alors le chaotique « Last Days Boogie » (tiens tiens…) des cryptiques Wormdoom. La suite risque de paraitre un brin plus terne après ce violent shoot d’adrénaline, mais le trio met parfaitement en application ses orientations esthétiques à la croisée des références précitées. La ballade exsangue "Her Blues" s'inscrit en parfait contrepoint, distillant son insidieuse narcose (don't think...).
Parfois plus sauvage, souvent plus propre  qu’Endless Boogie, mais systématiquement ouverts aux charmes des influences erratiques (think... White Hills ???). Des petits gars prometteurs qui s’inscrivent parfaitement dans la grande tradition du rock américain (ou de l'idée qu'on s'en fait, en 2015...).
En attendant, ils envoient une volée de bois vert...


L'Un.

DOMMENGANG :  "Everybody's Boogie" (ThrillJockey. 2015)




samedi 7 novembre 2015

ZU "Cortar Todo" / MOMBU "Niger"




Tiens, on avait récemment parlé de ZU, avec leur lugubre collaboration en compagnie de ce vieux satyre d’Eugene « Oxbow » Robinson, et qu’ils réapparaissent au coin du bois, la bouche en cœur, avec  un nouvel album, laissant les choses à  près là où en était resté le monolithique Carboniferous : à savoir un free-rock en trio (batterie/basse/sax et électroniques embarquées) trempé dans un bain acide de jazz noisy aux structures lourdes et rampantes. Peut-être un poil plus accessible aux oreilles innocentes, si on fait abstraction du grésillement des plages atmosphériques qui font figure d’interludes dérangeants. Tout est relatif, l’ingestion accidentelle de décapant restant une cause d’accident domestique très marginale. Avec ce genre de production, les italiens confirment leur profession de foi et leur appartenance à cette famille improbable des acharnés (Ruins, Keiji Haino, John Zorn, Lightning Bolt…) qui cherchent encore le lien caché entre la note bleue désespérée et le message caché de Black Sabbath dans cette rocailleuse Vallée des Larmes.

Miracle d’internet, on tape « ZU », et on navigue à l’infini, une succession de clics nous amenant cette fois à poser un pied (un seul) sur le continent africain si souvent fantasmé : MOMBU. Soit un autre side-project du saxo de ZU (Luca T. Mai) avec Antonio Zitarelli, batteur de son état, qui s’en vont confronter leurs idées au cœur de la jungle culturelle de l’idée qu’on se fait de la musique africaine. Cliché s’il en est car souvent réduite à sa plus simple expression pulsative. Deux mondes aux antipodes qui se rencontrent, se phagocytent et finissent par fusionner. L’idée originelle était d’intégrer des éléments de transe rythmiques aux figures extrêmes de la musique occidentale, entre free, hardcore et metal. La fusion de genres opposés  n’est pas nouvelle (le parallèle avec les percus tribales/indus de Cut Hands, projet lui aussi parallèle de William Bennett aka Whitehouse est évident), mais peu ont su intégrer à leur musique ces éléments de façon aussi simple,  évidente et duale : le sax baryton pachydermique appuie ses vrilles et syncopes sur le grommellement d’un jeu polyrythmique tout en fûts. Deux univers entrent en résonnance, s’observent et délivrent une énergie primale et vitale au cœur de ténèbres d’un lointain imaginaire…


L'Un.

ZU "Cortar Todo" (Ipecac. 2015)
MOMBU "Niger" (SubSoundRecords. 2013)




by the way... ZU & ODDATTEEE....


samedi 17 octobre 2015

PIGS : "Wronger"



Difficile d’occulter l’ombre du mythique trio de noise-rock newyorkais Unsane quand c’est Dave Curran qui se tient derrière le micro, même s’il aura troqué sa basse pour une guitare. En récidivant avec ce 2° album, PIGS s’affranchit du statut parfois réducteur  de side-project, d’autant que l’activité récente d’Unsane relève de l’électro-encéphalogramme plat.
Leur premier album, «You Ruin Everything » semblait reprendre la formule du power-trio brut, frontal et saturé là où Unsane l’avait  laissée en friche, même si  les territoires explorés sont plus alambiqués. Un album puissant difficile à surpasser si ce n’est par l’écueil de la redoutable redite.  Une éventuelle suite était attendue au tournant et seule l’expérience des vieux briscards qui composent PIGS permet de transformer l’essai.
D’emblée, l’introductif « A Great Blight » met la barre haute et notre tolérance à l’épreuve avec  ces 2,40 minutes de larsens martelés en boucle : oui on revient, toujours plus balaise, toujours plus fort et on a bien pensé le truc, avec cette arrogance discrète qui sied à ceux qui maitrisent parfaitement leur puissance de feu.  La production est plus mate (pour ne pas dire « propre »…). L’ensemble est plus aéré, varié, laissant les dissonances plus nombreuses  créer la rupture (« Bet it on All Black »), ou les textures sonores sculpter les compositions (l’angoissant « Mope »), alternant avec des morceaux rampants d’une structure plus classique (au sens Unsanien du terme…). Un interlude au banjo à mi-parcours ( ?!), l’éponyme « Wronger » assez linéaire avec sa guitare slide saturée.
New York a beau se gentryfier à une vitesse inouie,  et perdre ainsi  sa patine crasseuse, elle abrite encore dans ses entrailles 3 petits cochons capables de nous délivrer de la musique de bas-fonds, un rock urbain et bas du front sans concessions.

L'Un.

PIGS "Wronger" (SolarFlares. 2015)




mercredi 30 septembre 2015

JACASZEK "Glimmer"

La musique du polonais Michal JACASZEK peut se définir comme la rencontre entre de l'électronique embarquée et des vieux instruments de musique classique. Soit, mais on va pas pour autant danser frénétiquement un menuet des maisons sur le dancefloor d'un nightclub péri-urbain. JACASZEK ne verse nullement dans la fusion techno-classique, fût-elle virtuose : au contraire, il prend une certaine distance sur l'objet sonore isolé (clavecin, clarinette, guitare classique...), puis superpose finement les calques déformants de l'appareillage digital. En découle une succession de petites miniatures sonores aux atmosphères faiblement éclairées, comme le titre l'indique. Un incessant glissement de textures souvent fragmentées s'opère alors dans un cadre demeurant éminemment statique. L'électronique semble dérailler, bégayer et se rejouer sur elle-même, palimpseste se heurtant sur les arpèges d'instruments figés. La force d'évocation d'instruments aussi connotés, confrontés à une electronica au grain quasi argentique donne à l'ensemble ce climat prenant d'étrangeté anachronique. Les reliques du passé convoquées et plongées dans le tumulte d'un présent comme vécu à distance. Cette impression comateuse d'émerger dans un brouillard rémanent.
Pas si éloigné d'un Brian Eno ou encore de Labradford ou Pan American, JACASZEK joue là ce qui pourrait être la musique de chambre du 21° siècle : à la fois intimiste, délicatement confuse et distillant une sourde inquiétude. Quoi de plus normal en ces temps d'incertitude et de régression culturelle. 

L'Un

Michal JACASZEK  "Glimmer (GhostlyInternational./ 2011).


lundi 14 septembre 2015

WHITE HILLS "Walks for Motorists"

Peu de groupes arrivent à garder un cap après une bonne 12zaine d’années d’existence.  Peu se renouvellent de façon significative. D’autres préfèrent encore rester perchés dans l’hyper-espace, certes balisé, quatre voies, éclairage au néon et vitesse bloquée au compteur. White Hills se positionne probablement  à la croisée des chemins sans qu’on sache pour autant si on y gagne en hauteur (à être perché ?). Loin de l’orientation poisseuse de So You are, so you’ll be,  « Walks for Motorists », chaussée toute tracée pour rétro-futuristes blasés ou grand bond pop-motorik en avant ? Le duo (enfin trio…) semble vouloir sortir de ses ornières spacieuses, en sortant l’album « commercial », celui à même de dérouter sa fan-base par définition obtuse. Commercial parce que  sérieusement élagué, avec un son (presque) propre ?  Parce que tous les gimmicks et tics habituels sont reformatés «pop song » (tout est relatif), plus ouverts à une catégorie « tout public » (tout est relatif) ? Toujours, le clin d’œil putassier au Stooges éponyme, avec ces solos chargés au plomb (pour les 60’s). Toujours, une rythmique en prise directe avec les autobahn bétonnées empruntées par NEU! (dans les 70’s). Des accents qui convoquent volontiers Bauhaus (pour les 80’s). Quelques échos stoniens  planqués dans les chœurs de Life’s upon you, aussi. Rien de bien nouveau en fait, simplement les différentes facettes  brutes d’un changement de perspectives : avec ce nouvel opus, White Hills s’affirme et s’extirpe de ses errances soniques assumées pour s’exposer à plus de variations à la luminosité vacillante. Une démarche qui n’est pas sans rappeler celle des (certes plus austères) Disappears. Le genre d’album qui donne envie de savoir de quelle trempe sera le suivant… que l’on imaginera volontiers claustrophobe, comme une hallucination grise au cœur de la ville à nu. La voie est ouverte et asphaltée.


L'Un.

White Hills : Walks for Motorists (ThrillJockey. 2015)