lundi 25 novembre 2013

WHITE HILLS : "So you're... so you'll be"



Une bande de chevelus new-yorkais décapés à l'acide de décoffrage qui ont du faire un sacré grand écart pour aller de la sorte faire trempouiller leur arpions dans les eaux glacées du lac Michigan tant leur space-rock chargé d’électricité sèche est empreinte de solos stoogiens (première période) digressifs et transgressifs en diable.
Et je crois que tout est dit, si ce n'est pas un peu réducteur pour un groupe qui officie dans l'ombre des arrière salles de Brooklyn depuis pas mal de temps. Septième album, leur précédent « HP-1 » avait sérieusement alimenté la machine à moudre l'ergot de seigle, les rendant vaguement fréquentables. Certes pas du plus original, le space-rock est un sous-genre under-underground qui aura connu pas mal de déclinaisons depuis la pierre d’achoppement des mythiques Hawkwind. S’il y a une parenté certaine avec leurs contemporains (un peu timorés) de Psychic Ills ou les (barrés) Moon Duo (et donc les proprets Wooden Shjips qui viennent de sortir un truc sympa-chiant…) qui auraient mérité quelques lignes dans ces pages, c’est cette intransigeance un peu surannée dans leur posture outrancièrement rock qui aura retenu mon attention rongée à force de doses massives de caféine vineuse : déflagrations de fuzz sous white light/white heat, brother, l’hypnose lancinante d’un psychédélisme râpeux et saturé entre un drone nourri au bruit blanc discrètement intercalé. De sérieux appels du pied vers Sonic Youth voire Chrome/Helios Creed, histoire de communier sous papier buvard abrasif. L’énergie cinétique est brute et incalculable, les lunettes, noires  aussi opaques que les œillères d'un pur-sang lancé droit dans le mur.

L'Un.

White Hills "So you're... so you'll be" (ThrillJockey. 2013)








mercredi 13 novembre 2013

Kirin J. CALLINAN : "Embracism"



Nick Cave 2.0 ?
Proto David Bowie ? 
Tom Waits stroboscopique ? 
Juste Kirin J. Callinan, nouveau en ville qui semble avoir la compulsive habitude de se regarder le nombril quand il n’est pas occupé à organiser ce crucial concours de bite qui le départagera enfin… Du premier (Nick), il en garde l’accent (et la nationalité), du second (mon vieux Dave), cette classe protéiforme, les saillies fulgurantes et la gueule d'empeigne n'appartenant qu'au suscité bonhomme, le vieux Tom trop occupé à régurgiter son mauvais vin.
Toujours marrant de voir ce genre d’escogriffe sorti on ne sait trop d’où (si, un groupe : Mercy Arms. 1 album, 2 ep's), un album solo à peine au compteur, et l’envie d’en découdre avec l’arrogance de ceux qui prétendraient le contraire. Il essaierait bien de nous effrayer dans son affirmation chancelante et surannée d’une masculinité écorchée vive, qu’il nous fait plutôt gentiment sourire. Sans ironie. De l’inique incertitude d’être né mâle dès son plus jeune âge... C’est sur ce genre de vitupérations que se construit là un album baroque, vénéneux et hanté où les ambiances aux structures complexes se télescopent , de la ballade au mauvais goût de variété à une idée moderne et dark du glam rock (une touche de Depeche Mode, une once de Bauhaus). Production  au scalpel tendue de bout en bout, arrangements anguleux enveloppés de ce son glacial parsemé de scories électrostatiques ; un bout de son âme forcément meurtrie qui se laisse saisir, perdu dans ces grands aplats de gris nuancé : la présence borderline de Kirin J Callinan exsude sur tous les morceaux, bestialité crue à fleur de peau cherchant la confrontation du mâle lambda en proie à ses doutes et angoisses récurrentes, chair  étrange. 
Chef d’œuvre orphelin auto-proclamé ? 
Coup de glaive classieux dans l’eau fangeuse ? 
Si ce putain de blog éditait un best-of de fin d’année à a la con, nul doute que l’animal y aurait la place qui lui revient de droit : celle du prédateur épileptique.

L'Un

Kirin J Callinan : "Embracism" ( TerribleRecords. 2013)

ses ep's précédents sur sa page Bandcamp