mercredi 11 septembre 2013

DISAPPEARS : "Era"

On va pas trop s'attarder à en balancer des tartines sur un groupe dont le précédent opus a déjà été chroniqué dans ces pages ; mais il faut croire que le groupe fait partie favoris (comme Hawks...) et puis (surtout), merde, paresse oblige, même les bloggeurs aussi cryptiques fussent ils ont eux aussi besoin de repos. Pour l'immersive entrée en matière donc, vous serez sympa de (re)lire la chronique de leur brillant « Pre-Language ». Merci.
Pour la suite, le décor est planté d'emblée : toujours, la guitare noyée dans le grain d'une reverb' caverneuse sur une rythmique monolithiquement motorique (<<?!), les imprécations acides de la voix nauséeuse de Brian Case au rendez-vous. Toujours, ce sentiment d'un retour vers le futur underground de nos chères années 80's les plus sombres dont on n'arrête pas en ces temps désenchantés de revisiter le cadavre encore froid et cynique. Toujours, cette sensation glissante de se faire happer dans un trip salement médicamenteux par un rock blafard sous néons grésillants. Sauf que là, on fait exit de tout vernis « pop », histoire de se concentrer sur l'essence même de leur musique. Les dynamiques qui parcourent 'Era » sont plus sourdes, la tension perturbée. Le malaise s'installe d'emblée avec un « Girl » bruitiste et saturé mettant à mal ceux qui auraient eu la mauvaise idée de s'accrocher aux bases confortables et déjà acquises de « Pre-Language ». Un titre brouillon en forme de barrière qui invite les seuls audacieux à poursuivre la plongée en terrain obsessionnel et comateux. Si les morceaux suivants se détendent au gré de rythmiques minimalistes et soutenues, l'atmosphère reste sourde et menaçante à l'image d'un « Ultra » oscillant entre post punk et industriel. Seul « Elite Typical » distille un rassurant groove linéaire aux échos distants, le « New House » clôturant l'album semble sortir des lost tapes d'une jam session d'un Sonic Youth au ralenti. A défaut de mieux, Disappears préfèrent se cantonner dans cette quadrature de cercle vicieux impossible à boucler, mais on le sait tous : in girum imus nocte et consumimur igni.
C'est l'époque qui veut ça.


L'Un.

DISAPPEARS : "Era" (Kranky. 2013)




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