vendredi 13 juillet 2012

PLAISTOW : "Lacrimosa"

« Lacrimosa » : ces musiciens-là ne versent pas de larmes, peut-être seulement un adieu aux armes habituelles à savoir une musique exploratoire en trio classique (basse-piano-batterie) située aux marges du jazz et donc à la tangente d'autres styles. Ils optent cette fois-ci pour un peu de plus retenue en s'inscrivant dans un cadre strictement composé, sans pour autant abandonner ce côté défricheur qui s'obstine à toujours à se démarquer du pré-supposé milieu d'origine, libertaire de mouvement oblige. Petit indice supplémentaire sur l'identité de la musique des franco-suisses, le nom de leur formation est emprunté à un titre de l'anglais Squarepusher, figure de proue d'une certaine musique électronique. Le nom de ce 3° album vient lui, du répertoire lyrique... A nos mouchoirs. « Lacrimosa » ne comporte que deux longues plages d'une vingtaine de minutes environ, ce qui devrait suffire à une correcte immersion. Le titre éponyme commence dans un brouillard d'accords de piano enchevêtrés aux faibles variations tonales. Ce n'est qu'au bout de 3 minutes que la lourde pulsation d'une cymbale ride se joint par intermittences à ce continuum qui s'étire et se rétracte comme une respiration profonde. Le reste des éléments de batterie et de contrebasse relèvent de l'économie de moyen, noyé derrière un puissant écran harmonique mouvant. Loin de la messe des morts traditionnelles, il semble que PLAISTOW préfère s'attarder à méditer dessus, avec une certaine distance dans l'approche. On ne pleure pas ses morts...
"Cube", le deuxième morceau s'inscrit en négatif par rapport au précédent, la batterie donnant le ton. La pulsation nerveuse et minimale est assurée par les trois instruments, tandis que sont insérées des séquences rythmiques fougueuses qui se développent à partir d'un même schéma répétitif qui semble se chercher. On navigue entre tension et détente qui se rejoignent juste à temps en un long crescendo. Et on recommence. Si le morceau précédent empiète sur les plates-bandes ouvertes de la musique minimaliste américaine, "Cube", lui,  ressemble plus au squelette d'un morceau électronique interprété par des instruments "classiques" avec toute la puissance volcanique du rock, pas moins.
On peut toujours rapprocher ce groupe du travail très parallèle de The NECKS ou des égarements calibrés d'un BAD PLUS, mais Plaistow garde cette petite (et excitante) longueur d'avance en se réinventant continuellement à interroger la forme de la sorte.
Salutaire et trippant. 
Ça valait bien le paquet de Kleenex.

L'Un.


PLAISTOW : "Lacrimosa" (Insubordinations. 2012).

sur le SITE du groupe, on peut écouter, télécharger gratuitement mais aussi acheter l'album. Tout un état d'esprit !