vendredi 13 avril 2012

Clark : Iradelphic

Warp reste un de ces labels qui ose, et donc sait nous surprendre. Plusieurs de ses artistes sont plutôt discrets sur scène, dans la lignée des présences non remarquables des électroniciens. Mais on remarque que Christopher Clark au milieu de tous ceux là, met les mains dans le cambouis : son irréprochable, mélodies fines et travaillées, instrumentations présentes (un peu de synthés et d’oscillateurs et surtout des instruments filtrés), et gros -massifs même- rythmes, qui ont fait sa renommée.
Ici dans ce dernier album qui n’est tout de même pas au niveau de Turning Dragon, un de ses sommets, on est dans le remarquable. Au fil des morceaux vous vous trouvez embarqués dans des rythmiques alambiquées et intelligentes : pas de binaire, des roues carrées pourraient on dire, sur des hymnes assez courts. La particularité tient en la diversité des textures utilisées, fleuretant régulièrement avec l’acoustique.
On pourrait dire tantôt baba, tantôt psychédélique, aux confins d’un dub plus que dubstep contrairement à la mode actuelle, des envolées qui font comprendre la présence récente de Brian Eno au sein de ce pool anglais. Clark joue des claviers, des synthés, du moog, et des instruments à cordes (guitares acoustiques essentiellement), le tout sans frime aucune : hanté par les fantômes des Floyd période Syd Barett, les sons s’égrènent simplement. Alors on n’écoute pas cet album autrement qu’en chaussons, fini le danse floor, même si certaines patterns nous donnent des démangeaisons.
Le morceau « Open » fait un clin d’œil à cette ouverture sur la diversité dont il fait preuve, confirmant tout les bonnes choses que produit ce courant IDM. Chanté à deux voies, cette mélodie est aérienne, sans peur de la répétition, l’utilisant comme un gimmick salvateur. Juste avant un rythme où l’on retrouve les grosses basses et profondes batteries qui ont fait sa patte : là plus loin, la voie féminine est doublée, la mélodie se déstructure encore, frôlant la comédie musicale (Michel Legrand pour le clin d’œil) où deux demoiselles chanteraient dans les rues d’une ville française sur des sonorités venant de plusieurs époques.
La mélancolie que nous transmet « Black Stone », seul au piano repose l’ensemble, très fortement. Instants nimbés de tristesse qui fait écho aux sonorités warpiennes typiques. Son réverbérant du profondément urbain. Le « Ghost » s’en est allé. à noter son travail sur les prises de son, présentent dans son clip ci-dessous.
La trilogie qui suit enfonce le clou, les titres s’enchaînent nous perdant définitivement dans un labyrinthe de réverbérations, de rémanences, un hymne pop à la Floyd première période à nouveau…puis quelques sautillements tout de même rappelant la belle ouvrage de ce jeune homme aux prestations scéniques puissantes et émouvantes, de ce frêle grand anglais timide, à la puissante mane créatrice, complexe et magnifique.


L'Autre


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire