vendredi 18 novembre 2011

The DRIFT : "Blue Hour". Post-rock de l'au delà


La formule des très discrets The DRIFT fonctionnait plutôt bien en proposant ce qu'il est convenu d'appeler un honnête post-rock planant aux vagues relents jazzeux du simple fait de la présence d'une trompette qui donnait le ton en se posant au dessus de la section rythmique « classique » (basse – batterie - guitares/clavier). Fonctionnait discrètement bien jusqu'à la la disparition brutale du trompettiste, des suites de ce qu'il est convenu d'appeler pudiquement « une longue maladie ».
Comment alors continuer lorsque le carré du quartette a perdu un côté ? Peut-être sans fanfare ni trompette, et sans mauvais jeu de mots.
Là où d'autres auraient arrêté, ou, pire, remplacé le trompettiste, le trio de facto, continue sous cette formule, hommage idoine et (toujours) discret.
On fait table rase d'une formule éprouvée et impossible à re-convoquer donc pour proposer un catharsique Blue Hour.
Le trio recentre sa musique sur des structures rythmiques simples et hypnotiques. « Dark Passage » en ouverture en est la parfaite illustration. Au contraire, du précédent album, la dynamique du duo basse - batterie porte et entraine les touches colorées de la guitare, qui ne se substitue en rien à l'instrument défunt, installant à la place un enchevêtrement de nappes oscillant aux confins de l'air et de l'eau.
On pourrait arguer d'une très improbable ressemblance, avec JOY DIVISION ou le « 17 seconds » des CURE. Pour une certaine ambiance ; nullement l'influence.
Mais le ton donné n'est en rien sépulcral ou appesanti, loin d'un De Profundis électrifié.
On sent plutôt une volonté affirmée de nous emmener quelque part, entre tension et retenue ; vers un point lumineux.
Rapide examen des titres pour élément de réponse : tous évoquent non le décès et la tristesse qu'on y associe généralement, mais la notion de passage (« Dark Passage », bien sûr..., « Horizon ») de la vie vers ce qu'il y a ou non après la mort (« Continuum »). Des titres comme « Bardo 1 » et 2 font clairement référence au Livre des Morts Tibétains et de ce voyage post-mortem (qui conduit à la réincarnation mais là, c'est une autre histoire). Energies canalisées errant dans un tunnel sonore avec, au bout cet évident « Luminous Friend », suivi d'un « Hello From Everywhere », à la fois syncopé et apaisé.
Le groupe semble ainsi avoir suivi un chemin parallèle, à la tangente d'un au delà, pour mieux accompagner et veiller son mort, tout en trouvant cette voie qui reste à tracer, un monde infini de promesses en devenir devant soi (… les échos trippés à la Laddio Bolocko de « Fountain »...).
L'Heure Bleue chez les photographes, c'est cet instant ténu entre chien et loup où flotte une belle lumière indécise.

L'Un


The Drift : "Blue Hour" (Temporary Residence. 2011).
 The Drift- Luminous Friend by denouementspage  

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