vendredi 2 septembre 2011

phillipe ROBERT " Musiques Experimentales : une anthologie transversale d'enregistrements emblématiques"

Enfin un livre qui traite de ces musiques oubliées, de ces héros artisans de l'ombre grands architectes invisibles de la cause perdue, si cause il y avait. Le vrai problème serait de définir ce terme par trop générique, véritable boîte à malices de ce qu'on ne sait nommer, ou repoussoir vaguement intimidant pour le commun des audiophiles qui du coup n'auront pour alternative que de qualifier tout ceci de truc pour intello.


La démarche de Philippe Robert n'est pas d'en donner une définition précise, mais d'esquisser les contours imprécis de cette attitude face à la musique, plutôt que genre musical.
Au fil d'articles qui respectent la chronologie de ce bouillonnant 20° siècle, sont passés en revue des compositeurs, artistes, musiciens que l'auteur aura jugé essentiels et particulièrement pertinents pour illustrer le propos de l'expérimentation dans le champ musical. Il en ressort que celle-ci est le plus souvent technique ou théorique. Dans d'autres cas, elle résulte d'une démarche avant-gardiste, décalée voire incomprise. Entre ces deux lignes d'abscisse et d'ordonnée se positionnent quelque part, les météores, les ovnis aux trajectoires singulières qui n'appartiennent qu'à eux-même. Certains s'inscrivent dans une lignée, une descendance, une fratrie, et d'autres semblent sortir de nulle part.
Il est possible d'ergoter à l'infini sur le choix de tel ou tel artiste plutôt que d'autres, mais Philippe Robert propose suffisamment de liens, des références croisées et autres filiations plus ou moins bâtardes pour élargir le propos et inviter à continuer l'exploration.
La liste est ouverte, le mouvement protéiforme et les ramifications infinies, jusque dans la musique dite « populaire » ou « commerciale » (que penser de certains Pink Floyd, de Jean-Michel Jarre, des derniers Radiohead, de tous ces groupes « pop » qui insèrent des techniques de sampling, de collages sonores).


Si la lecture de ce livre flatte l'amateur averti, il est à craindre qu'elle ne dissipera pas ou pas assez l'épais brouillard que prétextent à tort ou à raison les non-initiés. Et ce n'est pas la préface enflammée mais peut-être un peu hermétique de Noël Akchoté qui les convaincra du contraire. Cet ouvrage s'adresse à un public confidentiel, curieux et/ou déjà acquis à la cause ; car cause il y a.
Au moins certains apprendront-ils que Glenn Branca est une influence majeure de Sonic Youth, et que ceux-ci adorent tout particulièrement le free-jazz. Que la musique techno doit peut-être beaucoup à Pierre Henry et Schaeffer, ou encore à Robert Moog, ou qu'un certain Luc Ferrari se passionnait plus pour la matière sonore que le sport automobile.
Les autres feront juste un pas de l'autre côté.



L'un

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire